Après « Chaos Team » et « Le Roy des Ribauds », « Ira Dei » représente le passage à la maturité en bande dessinée pour Ronan Toulhoat, épaulé par son scénariste et ami Vincent Brugeas. Tout d’abord la transition à un format plus grand, la gestion de l’espace et des cadrages, puis l’investissement dans les personnages.

Cette planche originale du tome 4 de « Mon Nom est Tancrède » symbolise parfaitement tout ce cheminement. Premièrement, on retrouve les quatre personnages principaux de la série, ceux-là même qui se sont poursuivis, opposés voire affrontés pendant plus de deux cents planches. Puis parce que la première grande case témoigne de toute la force de restitution historique du dessinateur au service de l’intrigue. Notez l’importance du cadre végétal et des bâtiments, encadrés à gauche par le calvaire, et à droite par le corbeau noir, ce qui symbolisent les forces en puissance au sein de la série, à savoir l’Église d’un côté, et les mercenaires associés au pillage de l’autre. Le tout est amplifié par l’équilibre des masses de noir, une technique que le dessinateur a parfois trop utilisé et dont il a ici compris le bon dosage pour donner de l’ampleur à son cadre tout en soignant les détails nécessaires.

Enfin, après l’émotion des retrouvailles, le cadre soigné du bas de la page rappelle divers ornements que le dessinateur a utilisé pour « chapitrer » plusieurs de ses séquences, afin de rythmer son récit. Un emploi des plus légitimes car il s’agit ici de la dernière planche originale de la série… jusqu’à présent.

Avec ce niveau de dessin et de représentation pour cette planche originale, Ronan Toulhoat est rentré dans la cours des grands auteurs de bande dessinée.

Avec ce niveau de dessin et de représentation pour cette planche originale, Ronan Toulhoat est rentré dans la cour des grands auteurs de bande dessinée.