Interview De Philippe VUILLEMIN à l'occasion de son exposition "Le meilleur de lui-même"
14 juin 2017
Philippe Vuillemin est à la bande dessinée ce que Delépine et Kervern sont au cinéma : un anticonformiste tendance anarchiste. Bien plus qu'un joyeux trublion, mais moins radical qu'un punk. Dans la droite ligne de Jean-Marc Reiser, son style est instinctif, brouillon, voire franchement crade. Il n'hésite pas à griffonner, barbouiller, redessiner, découper, et coller ses illustrations jusqu'à parvenir à un résultat qui satisfera l'animal. Les originaux de Vuillemin constituent plus qu'un dessin : ils racontent l'histoire d'une création, comme en témoignent les essais de couleurs, les jeux de mots, les traces de doigts, de cendres et de café disséminés aux quatre coins du calque ou de la feuille de papier.
Du 16 juin au 2 septembre 2017, la galerie Huberty & Breyne rassemble l'intégralité des originaux de Vuillemin publiés ces deux dernières années dans les pages de Charlie Hebdo. Une exposition pleine de promesses intitulée « Vuillemin, le meilleur de lui-même » qui présente les dessins réalisés pour les pages « Entretien avec... » du magazine satirique ainsi qu'une vingtaine de rébus d'À la Recherche du Temps Perdu, une variation autour du chef d'oeuvre de Marcel Proust sous la forme de jeux d'esprits hauts en couleurs dont seul Vuillemin a le secret.
Huberty & Breyne Gallery : Dans quelles circonstances avez-vous débuté votre collaboration avec Charlie ?
Phillippe VUILLEMIN : Il y a quelques années j'avais déjà évoqué avec Charb l'idée de collaborer pour Charlie mais comme je suis fainéant ça ne s'était pas fait. En 2015, lorsque Coco (Corine Rey) m'a appelé pour me demander si j'aimerais les rejoindre, j'ai accepté. Je me suis aperçu que, jusqu'ici, je ne m'étais plus ou moins cantonné qu'aux Sales Blagues. Ce qui me manquait c'était le stress d'une parution régulière. Ça me pousse au cul. J'ai commencé par déposer mon dessin toutes les semaines au journal et progressivement je me suis installé. Aujourd'hui ça me fait plaisir de les retrouver toute les semaines pour la conférence de rédaction.
Huberty & Breyne Gallery : Comment est né le projet d?illustrer la page « Entretien avec? »
Phillippe VUILLEMIN : Au début, Riss et Coco voulaient me faire faire du dessin politique. Mais, être assis autour d'une table à faire des petits dessins devant tout le monde c'est pas trop mon truc ! Quand je dessine j'aime bien être tout seul. J'avais repéré l'entretien en fin de journal qui me permettait de réaliser une grande illustration et de produire un dessin assez libre. Je ne choisis pas le sujet mais je peux m'exprimer librement autour du thème évoqué.
Huberty & Breyne Gallery : Quelle est votre recette pour rendre vos dessins presse pertinent et taper à chaque fois dans le mille !?
Phillippe VUILLEMIN : Je lis le titre et à peine l?interview. Puis je tourne autour du sujet pour trouver une connerie à raconter. Le principe est de trouver un axe humoristique en lien avec le sujet. Comme il s'agit d'un dessin de presse, il doit venir dans l'urgence. Globalement, il me prend trois heures : une pour l'idée, une pour le dessin en noir et blanc et une autre pour la couleur. Si ça traine trop, je laisse tomber et je passe à autre chose.
En général, l'idée ne vient pas naturellement. Je ne crois pas à l'inspiration. Il y a derrière chaque dessin beaucoup de travail. Quand je cherche, je stresse, je fume et je tourne en rond. C'est comme quand j'ai envie de chier, il faut que ça vienne ! Et à un moment donné, le truc se libère. Comment ça vient, je ne sais pas trop l'analyser, mais c'est du boulot, il faut associer plusieurs éléments. Je me fixe toujours un délai. S'il est quinze heure trente, je me dis qu'à seize heure trente au plus tard, je dois avoir trouvé l'idée. C'est un challenge. Si ce n'est pas le cas, c'est que je suis vraiment un connard ! Je plaisante, mais c'est vraiment comme ça que ça se passe, je marche à la pendule.
Huberty & Breyne Gallery : « À la Recherche du Temps Perdu » en rébus, comment vous est venu l'idée de vous attaquer à ce monument de la littérature qu?est Marcel Proust ?
Phillippe VUILLEMIN : L'année dernière, des manuscrits de Proust ont été mis aux enchères en Angleterre. Pour plaisanter j'avais rédigé un petit texte dans lequel je prétendais détenir l'intégralité de « À La Recherche du Temps Perdu » que Proust avait rédigé en rébus et je proposais à la maison de vente de les acheter. Au début je ne pensais faire que la première phrase « Longtemps je me suis couché de bonne heure » et puis ça a plus au journal et ils m'ont demandé de continuer. Ça faisait un moment que l'idée de Proust en rébus, ainsi que cette phrase, me trottaient dans la tête. J'arrive aujourd'hui laborieusement a la page 2 ou 3 mais je compte bien finir le rébus entièrement !
Huberty & Breyne Gallery : Avez-vous calculé combien de temps cela allait vous prendre ?
Phillippe VUILLEMIN : Approximativement 500 ans, mais je crois que c'est ce qui me reste à vivre encore. Je plaisante, je sais que c'est une entreprise complètement absurde mais tant que cela me plait je continue. Je verrais bien jusqu'où j'irais.
Philippe Vuillemin est à la bande dessinée ce que Delépine et Kervern sont au cinéma : un anticonformiste tendance anarchiste. Bien plus qu'un joyeux trublion, mais moins radical qu'un punk. Dans la droite ligne de Jean-Marc Reiser, son style est instinctif, brouillon, voire franchement crade. Il n'hésite pas à griffonner, barbouiller, redessiner, découper, et coller ses illustrations jusqu'à parvenir à un résultat qui satisfera l'animal. Les originaux de Vuillemin constituent plus qu'un dessin : ils racontent l'histoire d'une création, comme en témoignent les essais de couleurs, les jeux de mots, les traces de doigts, de cendres et de café disséminés aux quatre coins du calque ou de la feuille de papier.
Du 16 juin au 2 septembre 2017, la galerie Huberty & Breyne rassemble l'intégralité des originaux de Vuillemin publiés ces deux dernières années dans les pages de Charlie Hebdo. Une exposition pleine de promesses intitulée « Vuillemin, le meilleur de lui-même » qui présente les dessins réalisés pour les pages « Entretien avec... » du magazine satirique ainsi qu'une vingtaine de rébus d'À la Recherche du Temps Perdu, une variation autour du chef d'oeuvre de Marcel Proust sous la forme de jeux d'esprits hauts en couleurs dont seul Vuillemin a le secret.
Huberty & Breyne Gallery : Dans quelles circonstances avez-vous débuté votre collaboration avec Charlie ?
Phillippe VUILLEMIN : Il y a quelques années j'avais déjà évoqué avec Charb l'idée de collaborer pour Charlie mais comme je suis fainéant ça ne s'était pas fait. En 2015, lorsque Coco (Corine Rey) m'a appelé pour me demander si j'aimerais les rejoindre, j'ai accepté. Je me suis aperçu que, jusqu'ici, je ne m'étais plus ou moins cantonné qu'aux Sales Blagues. Ce qui me manquait c'était le stress d'une parution régulière. Ça me pousse au cul. J'ai commencé par déposer mon dessin toutes les semaines au journal et progressivement je me suis installé. Aujourd'hui ça me fait plaisir de les retrouver toute les semaines pour la conférence de rédaction.
Huberty & Breyne Gallery : Comment est né le projet d?illustrer la page « Entretien avec? »
Phillippe VUILLEMIN : Au début, Riss et Coco voulaient me faire faire du dessin politique. Mais, être assis autour d'une table à faire des petits dessins devant tout le monde c'est pas trop mon truc ! Quand je dessine j'aime bien être tout seul. J'avais repéré l'entretien en fin de journal qui me permettait de réaliser une grande illustration et de produire un dessin assez libre. Je ne choisis pas le sujet mais je peux m'exprimer librement autour du thème évoqué.
Huberty & Breyne Gallery : Quelle est votre recette pour rendre vos dessins presse pertinent et taper à chaque fois dans le mille !?
Phillippe VUILLEMIN : Je lis le titre et à peine l?interview. Puis je tourne autour du sujet pour trouver une connerie à raconter. Le principe est de trouver un axe humoristique en lien avec le sujet. Comme il s'agit d'un dessin de presse, il doit venir dans l'urgence. Globalement, il me prend trois heures : une pour l'idée, une pour le dessin en noir et blanc et une autre pour la couleur. Si ça traine trop, je laisse tomber et je passe à autre chose.
En général, l'idée ne vient pas naturellement. Je ne crois pas à l'inspiration. Il y a derrière chaque dessin beaucoup de travail. Quand je cherche, je stresse, je fume et je tourne en rond. C'est comme quand j'ai envie de chier, il faut que ça vienne ! Et à un moment donné, le truc se libère. Comment ça vient, je ne sais pas trop l'analyser, mais c'est du boulot, il faut associer plusieurs éléments. Je me fixe toujours un délai. S'il est quinze heure trente, je me dis qu'à seize heure trente au plus tard, je dois avoir trouvé l'idée. C'est un challenge. Si ce n'est pas le cas, c'est que je suis vraiment un connard ! Je plaisante, mais c'est vraiment comme ça que ça se passe, je marche à la pendule.
Huberty & Breyne Gallery : « À la Recherche du Temps Perdu » en rébus, comment vous est venu l'idée de vous attaquer à ce monument de la littérature qu?est Marcel Proust ?
Phillippe VUILLEMIN : L'année dernière, des manuscrits de Proust ont été mis aux enchères en Angleterre. Pour plaisanter j'avais rédigé un petit texte dans lequel je prétendais détenir l'intégralité de « À La Recherche du Temps Perdu » que Proust avait rédigé en rébus et je proposais à la maison de vente de les acheter. Au début je ne pensais faire que la première phrase « Longtemps je me suis couché de bonne heure » et puis ça a plus au journal et ils m'ont demandé de continuer. Ça faisait un moment que l'idée de Proust en rébus, ainsi que cette phrase, me trottaient dans la tête. J'arrive aujourd'hui laborieusement a la page 2 ou 3 mais je compte bien finir le rébus entièrement !
Huberty & Breyne Gallery : Avez-vous calculé combien de temps cela allait vous prendre ?
Phillippe VUILLEMIN : Approximativement 500 ans, mais je crois que c'est ce qui me reste à vivre encore. Je plaisante, je sais que c'est une entreprise complètement absurde mais tant que cela me plait je continue. Je verrais bien jusqu'où j'irais.