Warning: mysql_fetch_array() expects parameter 1 to be resource, boolean given in /srv/data-prd1/prod/hubertybreyne/webroot/model/exhibition.inc.php on line 256

PARIS | Mycélium

Présentation

Du 6 au 31 octobre, la programmation Mycélium présente Planètes désorientées, première exposition consacrée au travail subtil et envoûtant de Lucas Burtin.

Dessinateur, illustrateur, auteur, Lucas Burtin est un artiste graphique polyvalent. Mais, le jeune artiste est également un artisan de l'image imprimée. Mise en page, impression, façonnage, édition, la question du formalisme est essentielle pour lui. Pour chacun de ses projets, il pense le médium, se met en quête de la forme exacte, celle qui conviendra le mieux au fond. De l'œuvre d?art unique à sa reproductibilité, le geste sensible est là, présent à chaque étape : de la main qui trace et dessine à la machine qui imprime, de l'organique au mécanique, de la pensée à l'objet qu'il perçoit comme un champ d'exploration possible. Lucas Burtin travaille sur le support, le format, joue avec les possibilités de l'imprimerie, de la matière. Vraies ou fausses transparences, choix de la technique, du support et du cadrage et du calage, il explore différentes façons de «tenir la page».

Aussi, exposer le travail de Lucas Burtin, c'est créer une résonance entre des images uniques ou séquentielles, entre des œuvres originales et des reproductions risographiées. C'est n'établir aucune hiérarchie entre la planche, l'illustration et le dessin, faire cohabiter les techniques pour offrir de nouvelles correspondances visuelles dans un ensemble saisissant.
Des lignes fines, nettes et maîtrisées, des décors minimalistes, un dessin aéré, le style de Lucas Burtin semble s'inscrire dans la mouvance de «la ligne claire» théorisée par Joost Swarte. Dans son travail en noir & blanc, le trait est régulier, d'une précision chirurgicale pour un dessin architectural fait de lignes droites mesurées, calculées dans un équilibre parfait. Un paysage, une forme ou une posture comme point de départ visuel qu'il va, tel un sculpteur, modéliser, tailler, remodeler, déconstruire.

Au fil de ses esquisses préparatoires, Lucas Burtin «dé-dessine» pour faire advenir cette écriture graphique épurée, ce dessin essentiel et efficace. Formes et contreformes, réserves immaculées et aplats de noir réguliers, le dessin semble figé et pourtant, l'artiste tire ses traits jusqu'à les faire vibrer en jeux d'optique géométriques. Il explore cette esthétique rigide dans le tranchant de son noir & blanc à coups de changement d'échelles: du macro au micro, le trait se tend et se distend jusqu'à la faille ou l?explosion.

Il passe d'un réalisme maîtrisé à l'abstraction, confronte l'implacable netteté de son dessin, la dureté de son trait, à l'imprévu de la matière. Le trait se métamorphose, se tord, se floute, se heurte à la texture mouvante et flottante du lavis, à la pigmentation irrégulière de l'aquarelle. La ligne se noie dans l'eau pour dessiner d'imprévisibles dendrites ou laisser apparaitre des paréidolies. Une texture inattendue, une beauté spontanée, qui bouscule la beauté structurée. Le dessin élégant, solide et ordonné est alors confronté à des formes plus libres qui nimbent alors de mystère les compositions de l'artiste: une statue se détache d'un vaporeux lavis, une architecture de verre qui se dresse devant des nuages cotonneux.
Lucas Burtin joue avec le contraste entre ce qu'il maîtrise et ce qui lui échappe, comme un alchimiste qui observerait le passage d'un élément de l'état solide à l'état liquide, à la recherche de l'équilibre des molécules. Cet équilibre, il le trouve en confrontant les images. Tel un monteur, il coupe, rassemble, fait cohabiter ses images dans des cases sur une même page, les place en vis-à-vis ou les isole, jouant avec les espaces blancs comme autant d'ellipses dans la narration qui se fait jour. Entre collision et fusion, il confronte ses dessins qui pulsent dans une rythmique poétique pour voir éclore une nouvelle image ou une autre histoire.

Avec Sun Bai, pour La plus belle plage du Nord, publié en 2020 chez Fidèle (maison d?édition et studio d'impression risographique à Paris), Lucas Burtin construit une fiction sur fonds de paysage désolé comme pour les laisser apparaître sous une autre lumière. Il fait le choix d'une palette de couleurs subtile et réduite pour retranscrire la lumière intense et froide des paysages du Nord, celle d'un «soleil d'hiver» (nom qu'il donne à sa maison de micro-édition en 2017) et nous offrir un dessin hors du temps. Le texte, lui aussi épuré, parfois laconique, est typographié «à l'ancienne», simple et droit. Lucas Burtin aime cette possibilité qu'offre la bande dessinée de mettre en travail le visuel par le biais du langage. Le dessin et le texte sont alors deux composantes qui se confrontent l'une à l'autre. Si le trait raconte quelque chose, le texte peut nous emmener ailleurs et la séquence tout autant. Entre décalage et complémentarité, le texte et le trait infusent, entrent en tension pour un duel ou un pas de deux et sont autant d'amorces à de nouveaux récits pour peu que l'on prenne le temps de contempler.

Vernissage
Jeudi 5 octobre 2023 de 18h à 21h, en présence de l'artiste

Exposition
Du vendredi 6 octobre 2023 au mardi 31 octobre 2023

PARIS | Matignon
Mezzanine
36 avenue Matignon, 75008 Paris
Mardi > Samedi 11h - 19h