Jacques de Loustal vu par... CharlElie Couture

2 juin 2018

Jacques de LOUSTAL est à la frontière. Il regarde par la fenêtre ou bien il est de l’autre côté des barrières. Parfois il sort son passeport et se déplace à l’autre bout du monde. Et hop, le voilà de l’autre côté du pointillé. Combien de fois nous a-t-il emmenés avec lui dans son voyage… Un voyage intérieur.

On voit le temps qui passe, le soleil qui se durcit, un goéland traverse le ciel dans lequel flotte un cumulus en coton, les stries de fils électriques ou la traînée d’un avion. Un paysage immobile. Et puis un léger courant d’air fait bouger les palmes d’un cocotier. Écrasés par la chaleur, des chiens dorment à l’ombre. Dans le fond du décor, une voiture abîmée, et cette belle femme dévêtue, alanguie qui répond au téléphone en fumant…

Dans quel pays sommes-nous ? Quel rêve ?

Il y a quelque chose d’éternel dans ces images.

Les dessins de Jacques de LOUSTAL sont aussi beaux que les cartes postales qu’on envoyait jadis en écrivant au dos quelques mots qui n’avaient rien à voir avec l’image.

Bande dessinée ou illustration mise en scène, les images de LOUSTAL sont un condensé de fantasmes.

Edward Hopper ou David Hockney? Non, Jacques de LOUSTAL a son style à lui, tout aussi identifiable. Il a le flegme élégant des voyageurs dubitatifs. C’est un grand sceptique qui continue de se convaincre lui-même que le monde est éternel, que les choses sont immuables. Posés là où ils sont comme des statuettes dans un décor choisi, qu’ils soient boxeur ou aventurier, prostituée ou femme d’affaire, camionneur ou représentant de commerce, les gens qu’il dessine sont confondus à leur rôle…

Dans les images de Jacques de LOUSTAL, même les choses vraies ne le sont pas, parce que la seule objectivité et celle des poètes qui se situe entre le réel et l’imaginaire, juste à la frontière…

CharlElie COUTURE

Mai 2018